Mora mora (doucement, doucement...)
Au onzième jour de notre escapade malgache, nous avons parfaitement intégré la philosophie du "Mora Mora" (doucement, doucement). Avoir le temps est aujourd'hui un luxe, et ici pour beaucoup de gens, c'est bien le seul. C'est aussi le nôtre, et nous le savourons avec bonheur.
Depuis une semaine nous avons traversé Antananarivo, Antsirabe, Fianrantsoa et Manakara (à vos atlas!). Chacune de ces villes a son identité, sa poésie, ses difficultés aussi. Nous nous déplaçons à pieds, en vélo, en taxi-brousse ou en train, et quel que soit le moyen il faut en avoir le temps, sans le compter, l'essentiel étant d'arriver. Chaque kilomètre parcouru est une occasion de s'émerveiller sur la beauté des choses : les fleurs, les arbres, les rizières en terrasse, la forêt dense et encore vierge, les rivières, les montagnes, et l'océan...
Chaque kilomètre est aussi fait de rencontres, de regards que l'on croise, de mots qu'on échange avec un peuple que l'on apprend à connaitre petit à petit.
Voici quelques morceaux choisis de tranches de vie malgache, ainsi que le résumé de notre parcours de la semaine. Nous avons également mis quelques photos dans l'album.
Techniquement, la connexion n'est pas optimale, nous espérons que tout fonctionnera pour le mieux et que vous ne serez pas submergés de messages...
A bientôt,
Pierre & Marie
Le Zoma de Tana
Le marché d'Antananarivo se tient le vendredi, d'où son nom : Zoma. Il n'en reste plus qu'une partie depuis les travaux d'aménagement de la voirie de 1997, mais c'est encore un endroit magique où se retrouvent les Malgaches de toutes les classes sociales. La plupart des stands se trouvent à même le sol, et ce sont mille couleurs, mille odeurs qui se mélangent, entre les fruits, les légumes, la viande, le poisson... Cela grouille de monde, la plupart sont très pauvres et marchent pieds nus parmis les étals ; les conditions d'hygiène sont déplorables mais qui s'en plaindrait sinon nous, fragiles vahazas aseptisés ?? (vahazas : étrangers blancs)
Bref, c'est un lieu emblématique de la vie malgache, où chacun trouve à vendre ce qu'il peut pour assurer le repas du soir à sa famille.
Taxis-brousse à Mada
Merci Nissan pour tes vans fiables, robustes et faciles à réparer. On rentre à 18 ou 19 dans un mini-van plus petit qu'un Espace, on charge environ 2 tonnes de matériel sur le toit, la roue de secours au dessus et un panier rempli de poules stressées en guise de cerise. Musique non stop comprise dans le tarif, choix éclectique, créole, religieuse, rap avec prédilection pour la "grande musique française", C. Dion, Cloclo, et des avatars de Franck Mickael qui font rimer "enfants" avec "petits enfants" et "amour fouououou" avec "vieux hibououou".
Barrages routiers fréquents mais les policiers ont bien compris qu’ils étaient là pour faire de la présence et évitent un zèle inutile, on ne se fait donc pas arrêter plus de 30 secondes à chaque fois. Les chauffeurs roulent doucement ou alors ce sont les vans qui ne vont pas vite. Les pilotes font parler le klaxon avec douceur, la même avec laquelle parlent tous les malgaches (jamais un mot plus haut que l’autre et ne jamais montrer de signe d’énervement…). On crève souvent mais on répare facilement et en souriant. On achète son repas sur le bord de la route, ici une jeune fille coiffée de bananes de mini-goyaves et d’avocats suffit à faire un supermarché garanti sans pesticides et sans OGM. 1 avocat (ici ils sont énormes) et 5 ou 6 bananes (ici il y en a des minis) suffisent à nous rassasier.
Au final on arrive toujours à bon port, pas si fatigués que ça, et les yeux bronzés des couleurs du pays.
Circulation à Tana
Le chaos, aidé en cela par l’état des voitures (arrivées en pièces détachées depuis les stocks d’EDF et la Poste), l’état des routes, la topographie (Tana est une cuvette entourée de colines) et l’absence totale de feux rouges (les maigres panneaux de signalisation étant sponsorisés par Socolait, lait contentré sucré). Le chaos donc, mais un chaos étonnament fluide, pas besoin de feux rouges, l’aménité est le meilleur des codes de la route et c’est aussi la qualité la mieux partagée ici. Il est fréquent de voir des véhicules prioritaires laisser le passage à un véhicule arrivant un peu plus vite qu’eux. D'ailleurs, ici on ne klaxonne que pour remercier... à méditer …
Pousse pousse à Antsirabe (posy-posy)
Exaspérants, ils vous harcèlent et le mot est faible. On a beau les remercier, ils sont capables de vous suivre sur 1 kilomètre avant d’abandonner. La connotation par trop coloniale nous en a éloigné jusqu’à présent … à suivre…
Le train magique Fianarantsoa-Manakara
Vestige de l'époque coloniale, 150 kilomètres et 9 heures de bonheur à travers des paysages de rêves.
50 tunnels comme autant de pochettes qui nous réservent mille surprises à leur sortie.
Paysages de lande arbustière parsemée de pins et sapins, plaines de rizières vert amande cravatée de vert olivier, moyenne montagne escarpée, à-pics vertigineux, cascades majestueuses, rivières qui se répandent dans la plaine sans se soucier de leur lit et submergent tout dans une force tranquille.
Nos 5 sens sont sollicités et tournent à plein pour capter les odeurs de basilic, apercevoir les caféiers, les 50 sortes de palmiers, et les arbres à papillons.
17 arrêts dans 17 villages tous pareils et tous différents pour lesquels ce train est un poumon économique et pour nous l'occasion d'acheter notre repas par la fenêtre, sambos, beignets, fruits tout fous (chanti), écrevisses et j'en passe...
A l'arrivée, traversée cocasse de la piste d'aéroport par la voie ferrée, puis l'océan indien, tumultueux, inquiétant ... le voyage ne fait que commencer.