La grande île aux 1000 visages

Publié le par Ellis

Salam à tous,

Les 2 semaines depuis notre dernier message ont été très diversifiées ; on espère que vous allez tous bien et que vous apprécierez nos petites chroniques et nos photos. Merci pour vos mails et commentaires sur le blog, et surtout continuez à nous écrire on adore ça !!

 

Le résumé du 22 mai au 6 juin :

Nous avons poursuivi notre descente vers le sud malgache, avec un taxi-brousseépique de Fianarantsoa à Ranohira : après 7 heures d’attente sur le terrain boueux qui sert de stationnement aux minibus, nous avons fait 6 heures de route nocturne, sous la pluie, les pneus lisses, sans ceintures de sécurité (inexistantes à Mada), à 25 personnes dans un véhicule de 15 places, sans compter les poules et les canards tassés sous les sièges ! On était ravis d’arriver à destination !

Ranohira est un charmant petit village qui marque l’entrée dans le massif de l’Isalo (prononcer Ichal), où nous avons marché et campé pendant 4 jours (cf détails dans chronique « Isalo »).

Nous avons ensuite continué sur Tuléar, 250 km plus au sud, avec un arrêt très bref à Ilakaka, village ovni qui mérite aussi sa chronique !

Tuléar marque la fin de la RN7 (seule route vraiment digne de ce nom), les premiers baobabs, et surtout la mer, avec le canal du Mozambique. De là nous avons pris un bateau pour Anakao, petit coin de paradis terrestre encore plus au sud (nous avons passé le tropique du Capricorne entre Tuléar et Anakao), où nous avons passé 10 jours à découvrir la plongée sous-marine (et obtenu avec panache notre premier niveau !) Un conseil, dépêchez-vous d’aller à Anakao avant que l’invasion touristique ait lieu ! (cf chronique « Anakao »)

De retour à Tuléar, nous consacrons quelques heures à mettre à jour le blog et à répondre à vos mails. Les photos sont ici très longues à charger et la privatisation de l’électricité malgache rend les coupures très fréquentes, ce qui ne nous facilite pas la tâche ! Ce pays nous apprend en premier lieu la patience, et on en avait bien besoin… Mora Mora.

Bon courage à vous tous en ce lundi, on pense fort à vous, grosses bises,

Pierre et Marie.

 

1-Trek en Isalo

4 jours de pure nature, parmi la faune et la flore malgaches, ça ne laisse pas indifférent ! Le massif de l’Isalo est une merveille pour les yeux, avec ses canyons de grès, ses gigantesques plateaux arides couverts de hautes herbes, et ses cascades surgies de nulle part. Accompagnés par un guide et 2 porteurs – qui nous préparaient de bons petits plats aux bivouacs- nous avons rencontré les nombreux habitants du massif : 3 espèces de lémuriens, un petit serpent inoffensif, des lézards, un caméléon, des pintades sauvages, toutes sortes d’oiseaux et d’insectes jamais vus jusque là, et souvent endémiques de l’île.

Notre première nuit sous la tente a été saluée par un orage magistral, qui a duré plus de trois heures ! Rafales de vent, pluie, grêle, spectacle sons et lumières hallucinant. Sous les tropiques la nature ne plaisante pas, et on n’en menait pas large sous la guitoune !

La récompense est venue le jour suivant, avec le retour du soleil et une divine baignade rafraîchissante dans la « Piscine naturelle » de l’Isalo, endroit paradisiaque niché au creux des canyons. La flore était complètement nouvelle pour nous, avec les petits aloès fleuris (endémiques eux aussi) et les rondouillards pachypodiums (qu’on appelle en France pieds d’éléphants).

Nous avons terminé la randonnée par « la cascade aux nymphes » mais n’y avons hélas point vu de grenouilles, et laissé derrière nous l’Isalo baignant dans le soleil matinal, c’était grandiose.

 

2- Ilakaka

 

La région de l’Isalo, avec ses pythons de grès bordant d’immenses plaines, évoque le far-west. Et lorsqu’on reprend la RN7 à Ranohira et qu’on laisse derrière soi le massif, la route n’est plus qu’un long ruban jusqu’à l’horizon, que les brumes de chaleur semblent faire vaciller dans les airs. Et là, tout à coup, tel un mirage, Ilakaka apparaît. C’est un lieu vraiment unique, un Eldorado sorti de terre en quelques semaines lorsqu’on y a découvert une mine de saphir. Le village initial, qui n’était qu’un paisible hameau de 5 ou 6 maisons, est devenu un concentré de raclure humaine. L’odeur du fric y a attiré toute la misère du monde, et c’est aujourd’hui le royaume des mauvaises intentions où l’on parle pierres précieuses, prostitution, jeu, et rien d’autre…

Nous nous y sommes arrêtés, par bonheur en plein jour, et le stationnement des taxis-brousse avait des allures de Cour des Miracles : (trop) jeunes prostituées maquillées comme des voitures volées, hommes de tous âges usés par trop d’heures passées à fouiller le sol, creusant des galeries dans l’espoir d’y trouver LE caillou bleu, matronne surréaliste gérante de société de transports, handicapé « marchant » à 4 pattes et mendiant pour survivre au milieu d’un fatras de véhicules bruyants et puants, vendeurs de camelote, business-men mafieux aux lunettes fumées et aux bijoux plus qu’ostentatoires…  un tableau surréaliste comme Madagascar sait si bien les faire.

 

3- Anakao

Ici le temps n’existe pas…Sur la mer, dès le petit matin, on peut compter au loin quelques dizaines de voiles blanches carrées, celles des pirogues à balancier des pêcheurs du village d’Anakao. Il y a mille ans, c’était sans doute déjà comme cela. Il reste à espérer que cela soit toujours comme cela dans mille ans…

Quelques vazahas bien intentionnés ont construit des bungalows sur la dunette qui borde la longue plage, dans le respect des lieux et de sa tranquillité… 7 ou 8 hôtels de bungalows en bois se partagent ainsi la baie, et le mois de mai est loin d’afficher complet !! Toujours les seuls dans l’eau, et les seuls à partir plonger… le pied !!

Ici, il n’y a pas d’eau douce (elle est acheminée en pirogues depuis le village de Saint-Augustin, plus au nord), pas d’électricité (2 hôtels en procurent grâce à l’installation de panneaux solaires), pas de voitures (car pas de route), on vit avec le soleil.

C’est là que nous avons débarqué il y a 10 jours, face à l’îlot blanc inhabité de Nosy Ve, endroit sacré où les seuls autochtones ont des ailes : hérons, aigrettes, pailles en queue rouges, espèce endémique de ce bout de sable posé sur l’océan. On est venu à Anakao en pensant naïvement planter la tente, et puis on a pris possession d’un joli bungalow sur la plage… le sable était si doux qu’on a rangé les chaussures et vécu pieds nus (du coup aujourd’hui il a fallu les remettre et bonjour les ampoules !).

Bref, c’est un de ces endroits qu’on peut voir sur Voyage, Odyssée, Escales, National Geographic Channel, ou Ushuaïa TV (j’ai oublié personne ??...)

Nous sommes venus ici avec un but bien précis, autre que celui d’user nos hamacs : apprendre à plonger ! Et on est vraiment bien tombé. Au Longo Vezo, c’est Eric qui nous a enseigné la plongée, théorique et pratique, dans ce cadre de rêve. On aurait pu apprendre en piscine à Paris avant de partir, mais on a vraiment bien fait d’attendre, car ici on a pu joindre l’utile à l’agréable…Faire ses exercices de plongée au milieu des poissons-clowns, -lézards, -ballons, -trompettes, langoustes, napoléons, raies, etc…est nettement plus sympathique (mais je n’ai rien contre les piscines parisiennes cela dit !).

Après nos plongées quasi quotidiennes (7 au total), on se régalait de la pêche du jour : calamars, carangue, mérou, carpe rouge, barracuda, langouste… accompagnés de légumes qui n’ont jamais eu autant de goût (les carottes !!) et de fruits aussi bons que gros (ananas, papayes, goyaves, pomme-canelles…)

Enfin on a aussi appris à faire le rhum arrangé ici, et on en a essayé quelques-uns aussi !! Nous les dégustions avec nos amis allemands, Jochen et Astrid, et israéliens, Maya et Eitan, ce qui nous a permis d’apprendre à trinquer en hébreu ! on dit « léraïm » et cela signifie « A la Vie ». Joli mot de la fin non ?...

 

4- Les vazahas installés à Mada

Jusqu’ici nous avons rencontré 2 types de vahaza expatriés.

Les « ours mal léchés au cœur tendre ». Animés par une besoin de liberté et d’indépendance que ne leur autorise pas la vie metropolitaine. Ils sont sages et les sages n’ont pas besoin de lois pour régir leur vie, les lois ne sont faites que pour ceux qui ne savent pas les respecter. Ils ont soif d’harmonie, avec la nature et avec le temps qu’ils ne voient pas comme un ennemi contre qui combattre. « Le temps sera le maître de celui qui n’a pas de maître » (A. Huxley), mieux vaut donc savoir composer avec lui. L’argent n’est pas leur motivation, seule la sérénité compte. Ils sont respectueux des malgaches et plein d’empathie envers eux, les malgaches le leur rendent bien. On se plait à passer un temps avec eux.

Et puis, il y a les mercenaires, gens de peu de scrupules que la vision des euros rend fébriles. Ils ont soif d’argent facile. Malsains à forte tendance éthylique. Ils ont fui l’échec plus que la métropole et ont en commun de vivre dans la misère affective, ils ont soif de filles faciles et s’ébrouent dans le vice. Ils exhalent des relents de colonialisme moisi et se défendent à longueur de temps de tout racisme … « qui s’excuse s’accuse ». Ces gens sont creux et nous changeons de chemin dès que le destin les met sur notre route.

 

 

5- L’oisiveté …
… est encore ce qui surprend le plus pour qui s’attarde à regarder vivre les Malgaches. Les gens font souvent très activement rien ou très peu. Dormir sur les bas côtés de la route ou dans les cours qui bordent les rues des villes avec son enfant est sans doute l’activité la plus répandue, car il s’agit bien d’une activité que de ne rien faire. On compte aussi beaucoup de personnes occupées à soutenir des murs durant toute une après midi, notons aussi l’activité réservée à un enfant de promeneur d’aveugles, ou de promeneur de zébus (jamais plus de 2 zébus, il faudrait être très riche pour en posséder plus), zébus par ailleurs tout à fait autonomes. Gardons nous de toute critique, les Malgaches ne sont pas comme nous tendus vers le progrès, l’avancée, le futur. Ils n’ont pas été façonnés par le manque comme nous l’avons été, la nature est ici providentielle, pas de famine, une cueillette abondante, des récoltes de riz 2 à 3 fois par an selon les régions (par ailleurs riz d’excellente qualité qui est exporté en majorité). La pêche est elle aussi abondante et de qualité, elle est d’ailleurs entièrement vendue, rien ne reste, tout trouve preneur. On vit ici comme il y a 2000 ans, pirogues à balanciers, pas de bateaux à moteur, pas de chalutiers de pêche et la mer n’est pas appauvrie, on ne pêche que le nécessaire et surtout pas plus, pour quoi faire ? Ils ne sont donc pas dans une logique de prévision, d’accumulation, d’anticipation. Autant l’oisiveté et la nonchalance font partie du mode de vie ici, autant nous faisons tout pour marginaliser ces comportements, question de point de vue, question de culture.

 

6- Plongée à Anakao, paradis terrestre et marin

Après 7 plongées, nous voici officiellement femme et homme grenouilles de niveau 1.

7 plongées toutes différentes, de 7 à 25 mètres, avec courant (nous a obligé à sauter à l’eau et à plonger en tenant une corde pour ne pas être emportés) sans courant, au milieu d’un sac et ressac très marqué mais aussi dans des conditions d’aquarium… Des poissons, des couleurs, des anémones et maintenant il nous tarde vraiment notre prochaine plongée, Zanzibar, Tanzanie, Kenya … ?

Entre autres nous avons vu : poissons Napoléon, Pierre (mortels), trompettes, chirurgiens, lézards, « némos », corail de feu, mérous, raies …

 

 

Publié dans Afrique

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T
Je suis malgache et je trouve intéressant votre vision de Madagascar,la manière dont vous la vivez,et votre vision des genres de vazaha sur l'île.vous êtes des touristes comme on en voudrait davantage!
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F
Paris, Vendredi 17 juin, la clim a laché au buro, il fait lourd, j ai pas envie de bosser ! je viens donc de lire vos 2 articles sur Mada. Et ca confirme mon desir d y aller. Merci pour ces instant d evasion que vous nous faites partages, merci Pierre et Marie.
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R
Bravo pour ces énormes récits qui représente petit à petit l'ensemble de votre oeuvre...<br /> En ce début d'été, la vie dans notre 64 et notre 33 est plus tranquille que dans le 93, mais de toute façon Gadjo se plaint tout le temps...<br /> Ce WE, un autre Rémi fête son anniversaire (30 ans) avec notre Charles 007 international et avec 130 de leurs amis présents physiquement... nous penserons à vous et à Sylvain notre américainsh... <br /> Ce samedi 18 juin 2005, toute la france desgratuite sera à Saint-Jean d'Illac (33) pour une chouille mémorable et vous y serez aussi... <br /> Grosses bises.<br /> Rémi, Carole et Lucas qui découvre Internet avec vos aventures...<br /> <br /> <br />
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R
ULTRA ULTRA ULTRA CHAN-MÉÉÉÉÉÉÉÉÉ !!!<br /> Le kif total de vous lire les pt'its z'amis et de vous VOIR aussi.<br /> Vous voilà transformé en véritables travelers citizens of the world... Que ça doit être bon ce retour à la nature, au VRAI, "Léraim" A LA VIE !<br /> Ici tout va bien, il fait beau, c'est bientôt les vacances, Luciole batifoles, Bauch fait son bubuche, Prisca la bubuchette à son bubuche, Flo chouchoute sa petite famille, Rémi fêtera bientôt ses 1 AN et moi mes 2 ANS (ce serait trop bon ça!)<br /> Les jeunes mariés on la rasta-patate eux aussi, de teufs en teufs ils convolent sans relache!!!<br /> VIVE LES RASTABOURGEOIS all over the world.<br /> On vous bizoute bien fort.<br /> A bientôt. Reno, Flo, Rémi & Fanny<br /> <br />
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Z
J'ai du mal à revenir à mon bureau... je vous suis.... Heureusement, il fait beau dehors mais j'imagine que les températures n'ont rien à voir avec les vôtres, il fait un petit 19°. Le masque, combinaison et bouteilles au dos vous vont très bien... félicitations ! Bizzzz
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